Trois candidats, Stéphane Junique, Benoit Hamon et Damien Baldin se présentent à la présidence d’ESS France, une fédération qui intègre les familles d’acteurs qui constituent l’ESS d’aujourd’hui. (Cet article de Care news explique de façon fort claire les enjeux et forces en présence.)

De notre coté, les cinquante milles abonnés et abonnées de cette newsletter étant très représentatifs des familles en question, on a vous demandé de poser des questions auxquelles vous trouverez ci-dessous les réponses par chaque candidat. 

Voici les réponses de Stéphane Junique.

Stéphane Junique est Président du groupe VYV.


  • Si on rêve un peu, à quoi ressemblera l’ESS en 2030 ?

Stéphane Junique : Mon espoir est que notre pays prenne pleinement la mesure des défis qu’il a à relever : la transition écologique juste, le changement démographique ainsi que le besoin de revivifier la démocratie. Les acteurs de ce modèle d’entreprendre qu’est l’ESS sont déjà en train d’inventer les solutions d’avenir pour répondre aux transformations de notre société.

J’espère donc qu’en 2030, l’ESS sera perçue par tous comme un pôle d’espérance et d’actions et qu’elle sera le cœur battant de la société civile. Pour cela, nous devons saisir le moment ESS vécu par notre pays en ce moment.

  • Comment faire en sorte qu’il y ait des candidatures de femmes lors de la prochaine élection ?

Je veux promouvoir une ESS à l’image de la société et de sa diversité. Il y a un paradoxe aujourd’hui : les acteurs de l’ESS sont des militants de l’égalité entre femmes et hommes. Mais force est de constater que les gouvernances de l’ESS ne sont pas toujours à l’image de ce combat et qu’il reste encore beaucoup à faire, pour la parité comme la diversité. Il faut poser des actes concrets. Je veux ainsi ouvrir sans attendre un chantier sur la parité dans les gouvernances des organisations de l’ESS, dans le prolongement du projet européen Collective Action for Parity in the Social Economy (CASPE) dans lequel ESS France est engagé.

  • Quelles sont les propositions que vous porteriez pour améliorer le financement de l’ESS ? 

Je défends qu’il nous faut une loi de programmation de l’ESS, dix ans après la loi de reconnaissance que Benoît Hamon a portée en 2014. L’objectif est de permettre aux acteurs de bénéficier des outils de financement à travers les banques publiques, la finance solidaire, le financement de l’innovation sociale ou l’accès aux financements de droits commun (France 2030, fonds européens, etc.) afin de mieux accompagner les filières portées par l’ESS, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.  La possibilité de bénéficier d’un crédit d’impôt « innovation sociale », au même titre que le crédit d’impôt recherche, pourrait être inscrite dans le cadre de cette loi.

  • Est ce qu’il y a une ESS de droite et une ESS de gauche ?

L’ESS est dépositaire d’une histoire. Elle a fédéré des acteurs aux histoires et identités différentes qui ont apporté une contribution majeure à la construction de la République française. Les valeurs et les objectifs que nous portons peuvent fédérer beaucoup de sensibilités politiques : la démocratie, la solidarité, la transition juste, l’ancrage territorial. Il n’y a donc pour moi qu’une ESS, qui est faite de diversité à laquelle nous devons être attentifs. Le plus grand risque pour l’ESS serait de s’enfermer dans une vision partisane ou dans une case politique.

  • Donnez-moi une bonne raison de croire que l’ESS va vraiment transformer l’économie classique ! 

Ma conviction est que l’ESS doit nouer de nouvelles alliances et surtout  porter des débats constructifs dans un esprit d’ouverture notamment avec les entreprises désireuses de s’engager, qu’elles soient à impact ou en transition.  Si nous devons maintenir des frontières claires pour définir l’ESS, dans le respect de l’article 1 de la loi de 2014, il nous faut aussi ouvrir l’ESS à l’ensemble de l’économie pour polliniser ses valeurs. Cela va de la création d’entreprises à impact à la conversion des entreprises conventionnelles à l’ESS, en passant par le renforcement des partenariats ESS-privé. Le modèle des sociétés commerciales de l’ESS s’avère un trait-d’union utile pour atteindre cet objectif, au même titre que l’agrément ESUS qui permet d’affirmer son engagement.

  • Est-ce que l’ESS d’autres pays où continents doit nous inspirer ?

L’ESS est parvenue à des niveaux inégalés de reconnaissance aux échelles européenne et internationale. La résolution adoptée par l’ONU le 18 avril 2023 a ouvert la voie à la création d’une Internationale de l’ESS. Il nous appartiendra de la rassembler lors du Forum mondial de l’ESS de Bordeaux 2025.

Des pays doivent nous inspirer car ils ouvrent la voie. Je pense à l’Espagne qui développe un plan de 80 millions d’Euros pour l’ESS.

Le moment ESS se vit donc également à l’international : il est temps de développer une diplomatie de l’ESS !

  • Qu’est ce qui différencie vraiment votre candidature des deux autres  ?

Damien Baldin et Benoît Hamon sont des frères d’armes, nous partageons beaucoup d’idées en commun dans nos projets. J’ai pour moi l’expérience de dirigeant d’un groupe mutualiste ce qui fait de ma candidature celle d’un militant pragmatique. J’aime m’entourer d’un collectif et je suis attaché à obtenir des résultats. Mon projet pour ESS France propose d’ailleurs une mobilisation collective autour de 10 victoires majeures qui toutes sont atteignables si on joue collectif.


Pour consulter l’interview de Benoît Hamon, c’est par ici

Pour consulter l’interview de Damien Baldin, c’est par ici


Crédit photo : Aurélia Blanc

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